Le Pourquoi Pas

Histoire

 

Le premier Pourquoi Pas ? était un cotre de 19,50 m qu’il fit construire en 1893 avec lequel il fit en 1894, une croisière de deux semaines. Il revendit ce premier bateau en 1896, pour faire l’acquisition d’une goélette en bois de 26 m de long qu’il rebaptisa Pourquoi Pas ? II.

En 1897, il change de nouveau de bateau et acquiert une goélette en fer de 31 m, avec moteur à vapeur qui devient le Pourquoi Pas ? III, avec lequel en 1898, il remonte le Nil jusqu’à Assouan en compagnie du milliardaire Vanderbilt.

En 1899, séduit par les modifications et les améliorations apportées par le propriétaire intermédiaire, il rachète son ancienne goélette, le Pourquoi Pas ? II, et va naviguer dans les eaux britanniques. En 1902, il fait route vers l’Islande, franchit pour la première fois le cercle polaire arctique et approche les glaces.

 

En 1907, Jean-Baptiste Charcot lance une nouvelle expédition antarctique et commence la construction d’un nouveau Pourquoi Pas ?, le quatrième du nom, bateau d’exploration polaire de 57 m hors-tout gréé en trois-mâts barque, équipé d’un moteur et comportant trois laboratoires et une bibliothèque. Il est construit à Saint-Malo sur les plans de François Gautier et les indications de Charcot.

En 1908, Charcot part avec le Pourquoi Pas ? IV hiverner sur l’île Petermann pour sa deuxième expédition polaire. Lors de cette expédition, plusieurs membres de l’équipage dont Charcot sont atteints du scorbut[2]. L’expédition est de retour en France en juin 1910 après un nouvel hivernage riche sur le plan scientifique. Le tracé de la terre Alexandre est accompli et une nouvelle terre est découverte, la terre de Charcot.

En 1912, le Pourquoi Pas ? devient le premier navire-école de la marine française. À cette occasion sa coque sera repeinte en noir. Elle redeviendra blanche à partir de 1918 car Charcot effectue de nouveau, avec le Pourquoi Pas ?, des missions scientifiques en Atlantique nord, en Manche, en Méditerranée et aux îles Féroé, principalement pour des études de lithologie et de géologie sous-marine au moyen de dragages, dont Charcot a mis au point le matériel et les méthodes.

À partir de 1925, atteint par la limite d’âge, Charcot perd le commandement du navire, mais demeure à bord en qualité de chef des missions. Le navire, commandé par l’officier des équipages Le Conniat, effectue de multiples navigations vers les glaces de l’Arctique. Le peintre Marin-Marie embarque en 1925 et participe à deux campagnes dans l’Arctique d’où il rapporte de nombreux croquis et dessins[3]. En 1926, Charcot avec le Pourquoi Pas ? explore la côte orientale du Groenland et ramène une abondante récolte de fossiles et de nombreux échantillons d’insectes et de flore.

En 1928, le Pourquoi Pas ? IV part à la recherche du gros hydravion français Latham 47 disparu avec à son bord le grand explorateur norvégien Roald Amundsen alors qu’eux-mêmes étaient à la recherche du général italien Umberto Nobile parti survoler le pôle Nord à bord du dirigeable Italia et dont on était sans nouvelle.

En 1934, Charcot avec le Pourquoi Pas ? IV installe au Groenland la mission ethnographique dirigée par Paul-Émile Victor, qui séjourne pendant un an à Angmagsalik pour vivre au milieu d’une population eskimo. En 1935, Charcot avec le Pourquoi Pas ? IV revient chercher Victor et ses trois compagnons (Gessain, Pérez et Matter) et poursuit l’établissement de la cartographie de ces régions. Le 16 septembre, un véritable cyclone ravage les côtes de l’Islande mais le bateau parvient à se réfugier dans un petit port.

En septembre 1936, de retour de mission au Groenland, où il est allé livrer du matériel scientifique à la mission de Paul-Émile Victor qui vient de traverser l’inlandsis en 50 jours, après avoir rempli une mission de sondage, le Pourquoi Pas ? IV fait une escale à Reykjavik le 3 septembre pour réparer la chaudière du bateau. Ils repartent le 15 septembre pour Saint-Malo, mais le bateau est pris le 16 septembre dans une violente tempête cyclonique et se perd corps et biens sur les récifs d’Álftanes à Mýrar. Le naufrage fait 23 morts, 17 disparus et un seul survivant (Eugène Gonidec, le maître timonier) qui rédige le dernier rapport sur le naufrage[4]. Jean-Baptiste Charcot y périt à l’âge de 69 ans.

En octobre 1936, Thibaut de Rugy, matelot télégraphiste sur le Pourquoi-pas ? pendant l’expédition 1935, dressera dans la revue « Études » le portrait de ses camarades disparus

LE NAUFRAGE DU « Pourquoi Pas ? »

Un témoin islandais raconte le naufrage du « Pourquoi Pas? » dans la baie de Faxafloi. Ce

témoignage a été remis au Commandant Le Corre lors de l’escale de la « Thalassa » à Reykjavik

en avril 1971. Eugène Gonidec est le seul membre de l’équipage a avoir survécu.

« Je n’oublierai jamais cet accident effrayant », dit Kristjan Thorolfsson, lorsque je lui ai parlé du

naufrage du « Pourquoi Pas ? ». Kristjan est le fils adoptif d’un fermier de Straumfjördur et ce fut leur

lot de sauver l’unique rescapé et de ramasser les corps qui furent jetés sur le rivage comme des troncs

d’arbre.

Même si un quart de siècle s’est écoulé depuis le naufrage, tout le monde en garde un souvenir bien vif

en France et connaît l’histoire du Docteur Charcot qui fut d’ailleurs un des plus grands savants français

de cette époque et qui fut presque considéré comme un héros national et à cause de sa personnalité

hors pair et pour ses exploits scientifiques.

Cinq colonnes à la deux dans le Mordunbladid, le 17 septembre 1936. Titre : Le naufrage de Charcot.

Le navire de recherches océanographiques d’expéditions polaires fait naufrage ; 33 personnes noyées.

Un seul homme se sauve sur un radeau, 30 cadavres ont déjà été découverts, et le communiqué

commence ainsi : 33 hommes ont péri quand le navire de recherches océanographiques « Pourquoi

Pas ? » a fait naufrage hier matin sur le récif Hnokki, situé au large de Straumfjördur à Myrar. Tous les

hommes de l’équipage, excepté un seul, ont péri ; parmi eux le célèbre savant J. Charcot, qui pendant

des années a navigué sur ce navire pour des expéditions de recherches océanographiques dans les

régions polaires. Le navire est parti d’ici mardi dans l’après-midi à destination de Copenhague. Selon

les renseignements que l’on a pu comprendre de l’unique rescapé : « le navire serait arrivé à l’ouest

de Gardskagi lorsque la tempête s’est levée. Là il aurait rebroussé chemin pour chercher un abri. Mais

à cinq heures et demie mercredi matin, le navire s’est brisé contre un récif. Immédiatement l’eau a

envahi le navire et la chambre des machines, ce qui a provoqué une explosion dans la chaudière et dès

lors le navire fut en perdition ».

Le seul survivant avait les yeux brûlés par le sel

Plus loin on parle du marin qui fut sauvé, Eugène Gonidec : « Ce qui le gênait le plus, c’est qu’il avait

les yeux brûlés par le sel de la mer à tel point qu’il était devenu presque aveugle. »

Et le samedi 19 septembre, le reporter du Morgunbladid raconte sa rencontre avec le français: « Il

portait des vêtements qu’on lui avait prêtés à la ferme et qui lui étaient trop grands car il était petit,

mais assez fort et large d’épaules. Il était tête nue et ses cheveux s’agitaient au vent. En apercevant le

Consul français, il se mit à sangloter et à trembler d’émotion. Ses premiers mots s’étranglèrent dans sa

gorge, mais il se remit vite et commença à raconter en gros comment le naufrage avait eu lieu. A

plusieurs reprises il s’embrouilla et son récit fut incohérent.

Ce n’était pas étonnant puisqu’il venait d’échapper à un péril mortel et y avait perdu tous ses

camarades d’un coup ! Il était évident et bien compréhensible qu’il n’était pas entièrement luimême.

»

Le reporter ayant reçu des renseignements plus exacts, sait maintenant qu’il n’y avait pas 33 morts

mais 39. Et l’article du Morgunbladid continue « Etant devenu un peu plus calme, le français nous a

conduit à l’endroit où gisaient ses camarades. C’était une petite pente couverte d’herbes, à l’abri. Ici

étaient couchés 22 corps couverts d’une toile. Le Consul français demanda à Gonidec de citer leurs

noms et il fut à nouveau bouleversé. »

Aujourd’hui nous étions en route vers le lieu du naufrage.

Kristjan a dit : « Le naufrage du « Pourquoi Pas ? » s’est gravé dans ma mémoire et je ne l’oublierai

jamais. Pendant que j’habitais Straumfjördur il y a eu quatre naufrages, mais les autres furent un jeu à

côté de ce malheur affreux. » Le matin du naufrage il y avait une tempête qui venait du sud mais qui

plus tard a tourné au sud-ouest. Je me sentais cette nuit là, sans rêves, sans craintes. Pour une raison

que je ne pourrais expliquer, je me suis pourtant réveillé une heure plus tôt que d’habitude ; une sorte

de prémonition peut-être. Je sortis avec mon beau-père pour examiner le temps. Mais quelques

minutes nous suffirent pour comprendre qu’un naufrage terrible avait eu lieu et nous avons aperçu un

trois-mâts barque à la dérive vers la côte. Au bout de deux heures il était englouti, sauf les mâts qui

restèrent hors de l’eau jusqu’au lendemain. Le mât arrière resta debout pendant trois jours mais fut

alors brisé par une tempête.

Je n’ai pas souvent invoqué Dieu, mais en voyant le navire, je me suis tout de suite rendu compte de

ce malheur terrible et inconsciemment, ou plutôt en proie à une peur affreuse, j’ai dit : « Que Dieu

nous ressource. »

Nous avons vu le navire s’engloutir. Lorsque nous l’avons aperçu pour la première fois, je crois que

c’était au moment où il a heurté le récif. Mais quand nous eûmes atteint la partie sud de l’île, il était

déjà arrivé à l’endroit où plus tard il a disparu. Selon toutes les apparences, ils ont du lâcher les ancres

immédiatement en réalisant le danger et Gonidec nous a informés qu’en heurtant le récif et en voyant

la mer agitée tout autour, ils avaient cru que la côte était tout près et avaient craint d’atterrir sur les

rochers et de briser le navire en miettes. Pour ces raisons ils ont cru qu’il valait mieux retenir le navire

par les ancres.

Lorsque nous avons aperçu le navire, la proue était tournée au vent et donc l’ancre devait avoir atteint

le fond, autrement le navire serait allé à la dérive vers la côte et peut-être là nous aurions vu une

autre fin.

Cramponnés sur la passerelle

J’ai vu le navire tout d’abord tout à fait hors de l’eau, qui venait lentement vers la terre ; c’est à dire

autant que le permettait la chaîne de l’ancre. Après quoi il commença à s’engloutir. A ce moment là

seulement deux milles marins les séparaient de la terre et je crois que le navire aurait pu atteindre la

côte si l’ancre s’était détachée.

D’après les renseignements de Gonidec, il y avait encore beaucoup d’hommes à bord à ce moment et

huit ou neuf s’étaient sauvés sur un radeau, mais il s’est disloqué et six hommes ont réussi à grimper

sur la passerelle et s’y sont cramponnés. La passerelle allait à la dérive vers la terre avec ces hommes

mais ils s’épuisèrent en route et glissèrent dans l’eau tous sauf un seul. Ce dernier disparut quand la

passerelle fut tout près de Höllubjarg. Je suis persuadé que Gonidec restait le seul en vie quand je l’ai

aperçu pour la première fois 400 mètres au sud de Höllubjarg.

Il avait perdu connaissance, était à moitié couché sous l’échelle, s’y accrochait de la main droite, et

avec la gauche se tenait la tête. Il se souvenait de peu de choses de ce qui s’était passé entre la dérive

de la passerelle et son réveil dans le lit chez nous. Pourtant il était conscient quand il est arrivé à

proximité de Höllubjarg. Il a lâché la passerelle en me voyant sur le rocher et se laissait aller à la

dérive se servant seulement de la ceinture de sauvetage, jusque dans une crique rocheuse qui

s’appelle Hölluvör et se trouve au nord-ouest du rocher. S’il avait atterri dix mètres plus à l’est, il se

serait assommé sur les rochers.

Mon beau-père et moi n’avons rien aperçu en cherchant les naufragés dans le lames ; mes jumelles

n’étaient pas en très bon état. Nous avions aperçu la passerelle et l’avions suivie des yeux mais n’avons

pas vu signe de vie dessus. Nous avons cru que c’était un débris. « Il n’y a rien à voir ici » a dit mon

beau-père, « il vaut mieux que j’aille mettre un bateau à notre disposition au cas où ça pourrait

servir ».

Restant là tout seul, j’ai vite commencé à croire que tout l’équipage avait péri parce qu’il était

presque impossible d’atteindre la terre par une pareille tempête et au milieu des récifs. Mais, qu’estce

? Je sursaute. Assurément il y avait un signe de vie sur la passerelle. Je l’ai examinée avec mes

jumelles et aperçu Gonidec dériver sur les lames. Je n’ai plus penser à autre chose qu’à ce seul

homme. Il fallait que je le sauve coûte que coûte. La passerelle a atterri à Helluvör et j’ai couru de

toutes mes forces. Tout d’un coup, il m’est venu à l’esprit qu’il vaudrait mieux que je demande du

secours de chez moi et je suis donc remonté pour voir si je ne voyais pas des gens et j’ai eu le chance

d’apercevoir près des maisons, une femme que j’ai pu avertir et qui est arrivée au moment où je tirais

le Français hors de l’eau. Je lui dis : « Cours chercher mon père et demande lui de m’aider à rentrer ce

monsieur, je suis épuisé ».

Le sauvetage fut très pénible. Les lames étaient énormes, la crique rocheuse profonde et dangereuse,

et il fut difficile de tirer Gonidec à terre. Quand j’eus attrapé sa main, une vague m’a entouré et

englouti. Quand j’ai été dans la mer, nous nous sommes accrochés par les mains et nous nous sommes

laissés glisser jusqu’au fond de la crique. Là il y avait de nombreux débris de bois et je crois que cela

nous a sauvés en diminuant les coups les plus durs ; autrement nous aurions pu être assommés sur les

rochers. J’ai saisi le rocher et avant que la vague suivante nous ait attaqués comme un animal sauvage,

je l’ai traîné au sec et là nous sommes restés couchés. Toutefois ce fut avec une peine immense que je

réussis à le traîner à terre parce qu’il était très fort et plutôt lourd, bien qu’il fut petit et de plus il

était trempé par la mer. Un peu après le sauvetage mon beau-père est arrivé et à ce moment j’étais à

genoux à côté de lui et essayais de comprendre ce qu’il murmurait, mais bien sûr en vain, parce je ne

comprends pas la langue française et encore moins le murmure français. En route vers la maison, il a

dit quelques mots et nous avons compris qu’il ne voulait pas que mon père le porte sur le dos et donc il

a fallu que nous le portions à nous deux.

Les larmes de Gonidec

Quand la maison est apparue et que Gonidec l’a aperçue, il a crié de joie et ce ne fut qu’à ce moment

là qu’il essaya de marcher tout seul. Un peu plus tard nous étions dans la cuisine. Là nous attendait ma

belle-mère qui a soigné Gonidec de son mieux. Nous l’avons déshabillé mais il a protesté quand nous

avons voulu ôter son tricot de corps, je ne sais pas pourquoi. Alors on a chauffé ses sous-vêtements en

laine dans un four et on les a mis contre sa joue. En sentant la chaleur il a cessé de protester et a

enlevé son tricot de corps lui-même. Ensuite on le coucha sur un divan dans la cuisine.

Le Cognac était une chose « rare » à cette époque, mais toutefois on en a trouvé une petit goutte qui

nous a bien servi. Nous lui avons donné du café très très fort et du Cognac, ce qui l’a ressuscité et il

nous a pris dans ses bras et embrassés à ne jamais nous lâcher. Depuis j’ai une confiance sans limite

dans le Cognac.

Mais je n’avais plus le temps de m’occuper de lui et je suis sorti avec mon beau-père pour sauver ceux

qui pourraient être amenés jusqu’à terre par les lames. Peu de temps après, nous avons trouvé les

premiers corps ; ceux du médecin et d’un peintre qui était à bord et le troisième fut celui du Docteur

Charcot. Son corps a été trouvé à Olafsvik.

Quand il n’y eut plus de corps rejetés sur la page devant chez nous, nous sommes allés en bateau au

sud du fjord pour chercher les corps qui seraient là. Il nous est arrivé de trouver 8 corps à la fois qui

avaient dérivé au sud du fjord. Je me sentais mal à l’aise, c’était macabre de regarder ces visages

blêmes frappés par la mer et je souffrais de voir de jeunes garçons en proie à un destin pareil ; j’avais

18 ans moi-même. Nous avons ramené 22 corps à terre et les avons couchés sur une pente qui est

située juste au sud de la ferme et là ils sont restés jusqu’à ce qu’on les transporte à Reykjavik deux

jours plus tard.

Je n’avais pas de peine à marcher parmi les corps, même tout seul le soir je n’avais pas peur. Il le

fallait aussi les deux soirs qu’ils sont restés là parce qu’il y avait les moutons à surveiller dans les

pâturages et, en allant le soir, je devais passer à côté des corps de mes amis français. Cela ne

m’effrayait point. Ce ne fut qu’après qu’on les ait transportés que j’ai senti une sorte de frayeur en

passant par là et je n’aimais pas être seul. Je sentais un vide en moi, la même sensation que j’ai eue

en regardant disparaître dans la mer le dernier mât ; une sensation de vide ou de macabre, difficile à

définir, mais qu’on puisse appeler ça de la peur ; pourtant je ne sais pas. J’ai pensé que la raison pour

cela pourrait être que mon chien, ce bon et fidèle ami, a été effrayé un peu le soir après leur transport

à Reykjavik. Notre chemin passait par Borgarlaekur-inn, et tout d’un coup le chien a commencé à

hurler à la mort, mais je n’ai rien vu. Il n’était pas bête.

Je ne crois pourtant pas qu’on puisse dire que le lieu soit hanté, bien que j’ai aperçu quelque chose

qui aurait pu être des revenants, près de la ferme. Cela n’a rien d’étonnant tellement il y avait d’os et

de parties de corps qui ont été trouvés sur la côte, et tout ça a été enterré dans une fosse commune.

Mais j’ai vu très peu de chose, quelques revenants, c’est tout. Je n’aime pas en parler. Cet événement

m’a rendu plus mûr. Avant le naufrage, je n’osais pas regarder un mort ; mais après y avoir été obligé

si brusquement par le destin, ça ne me faisait plus rien. Ce calme inoubliable, cette lumière sur leurs

visages m’a fait du bien. J’avais l’impression que leur lutte contre la mort les avait rendus heureux.

Gonidec se sentait bien après son réveil, mais en voyant ses camarades, il pleura comme un enfant.

La maudite chaudière

Andri Heidberg nous raconte comment ils ont réussi à trouver l’épave du « Pourquoi Pas? ». D’abord

nous avons trouvé la chaudière, elle était presque aussi grande que celle d’un chalutier. A première

vue, j’ai pensé que c’était un rocher parce qu’elle était haute de 4 mètres et couverte d’algues. Mais

je me suis vite rendu compte que c’était la fameuse chaudière qui a été la cause de l’accident, ou

n’était-ce pas à cause des réparations de la chaudière que le « Pourquoi Pas ? » avait eu du retard à

Reykjavik et avait été pris dans la tempête au large de Gardskagi ?

« La chaudière, le moteur et l’hélice sont à leur place, mais au milieu il y a un lest d’à peu près 200

tonnes de fer. Nous en avons apporté un morceau et l’avons pesé ; il pèse 45 kilos

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